20.10.2009
CD : Une Voix singulière
"Moi en mieux"
Clarika
Universal, 2009
Fantaisiste sans scrupule, désinvolte jusqu’à l’humour noir, vous serrant la gorge au moment où vous vous y attendez le moins…écoutez ou ré-écoutez Clarika : une fille qui déjoue les étiquettes trop faciles, trop rapides. Libre comme l’air, en somme. Or quoi de plus salutaire dans un univers musical si souvent formaté ?
Insolente et d’une légèreté trompeuse, Clarika s’autorise une liberté de ton dévastatrice. Pour exemple la verve juste, acérée et engagée de « Bien mérité »
« Et tant pis pour ta gueule
Si t’es né sous les bombes
Bah ouais
Tu l’as bien mérité
T’avais qu’à tomber
Du bon côté de la mappemonde »
Un bouleversant « Lâche-moi » que susurre une mère à son enfant, bien trop consciente que donner la vie, c’est – dès le premier cri - apprendre à se séparer…
« Allez va, allez lâche-moi
Allez va-t-en, va mon amour
Plus tu partiras
Plus tu seras heureuse un jour
Sur le fil, tu mènes la danse
C’est pas facile et ça balance
Je te tiens, va »
Je vous laisse découvrir les 11 autres chansons qui toutes recèlent des petits trésors d’humour et d’ironie, de tendresse et de pudeur, d’auto-dérision et de lucidité…
Cerise sur le gâteau, la voix est très belle, singulière et prenante.
« Les bavards pépient,
chapelet d’oisillons
sur un arbre blottis,
au matin qui sent bon
ils se délient, gazouillent,
murmurent leurs états d’âme
font vibrer leur bafouille
fanfaronnent ou s’exclament…
on les retrouve parfois pendus
au fil de la conversation »
(Les bavards)
« On finit tous un jour entre quatre planches
C’est pas super glamour mais c’est étanche »
(Rien de tel)
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12.10.2009
Roman : "Il n'y a pas assez de coeurs en dehors..."
« Le Cœur en dehors » Samuel BENCHETRIT
éd. Grasset 2009
Charly a dix ans, il est noir et vit dans une cité des banlieues parisiennes. Il est le narrateur de cette histoire et nous parle d'une drôle de journée, une journée vraiment pas comme les autres.
Le contexte, très actuel malheureusement, est celui des sans-papiers.
C'est donc une histoire triste et désolante mais vue et racontée avec beaucoup de fraîcheur, d'innocence et de lucidité mêlées, par cet enfant attachant, doté d'une imagination fertile et d'un potentiel intellectuel certain, riche de cœur et d'esprit. Il semble pourtant être un peu le « laissé-pour-compte » de tout ça.
Il n'y a pas de dénouement mais à coup sûr l'avenir ne s'annonce pas très rose pour lui. C'est, encore et toujours, un peu Mozart qu'on assassine finalement.
Triste en refermant le livre, on a pourtant la sensation curieuse d'avoir fait le plein d'amour : je crois que c'est la magie de l'enfance. Le pouvoir des enfants est extraordinaire et l'auteur a su de manière excellente le distiller et le retranscrire dans son récit.
« Tu sais Charly, il faut aimer dans la vie, beaucoup...Ne jamais avoir peur de trop aimer. C'est ça le courage. Ne sois jamais égoïste avec ton cœur. S'il est rempli d'amour, alors montre-le. Sors-le de toi et montre-le au monde. Il n'y a pas assez de cœurs courageux. Il n'y a pas assez de cœurs en dehors... »
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