16.09.2014
Roman : Une belle et longue confession retraçant l'histoire du bien et du mal sur plusieurs siècles.
Confiteor (en latin : je confesse)
Jaume Cabré
Actes Sud
Roman adulte : R CAB
Barcelone années cinquante, le jeune Adrià grandit dans un vaste appartement ombreux, entre un père qui veut faire de lui un humaniste polyglotte et une mère qui le destine à une carrière de violoniste virtuose. Brillant, solitaire et docile, le garçon essaie de satisfaire au mieux les ambitions démesurées dont il est dépositaire, jusqu’au jour où il entrevoit la provenance douteuse de la fortune familiale, issue d’un magasin d’antiquités extorquées sans vergogne. Un demi-siècle plus tard, juste avant que sa mémoire ne l’abandonne, Adrià tente de mettre en forme l’histoire familiale dont un violon d’exception, une médaille et un linge de table souillé constituent les tragiques emblèmes. De fait, la révélation progressive ressaisit la funeste histoire européenne et plonge ses racines aux sources du mal. De l’Inquisition à la dictature espagnole et à l’Allemagne nazie, d’Anvers à la Cité du Vatican, vies et destins se répondent pour converger vers Auschwitz-Birkenau, épicentre de l’abjection totale. Confiteor défie les lois de la narration pour ordonner un chaos magistral et emplir de musique une cathédrale profane. Sara, la femme tant aimée, est la destinataire de cet immense récit relayé par Bernat, l’ami envié et envieux dont la présence éclaire jusqu’à l’instant où s’anéantit toute conscience. Alors le lecteur peut embrasser l’itinéraire d’un enfant sans amour, puis l’affliction d’un adulte sans dieu, aux prises avec le Mal souverain qui, à travers les siècles, dépose en chacun la possibilité de l’inhumain – à quoi répond ici la soif de beauté, de connaissance et de pardon, seuls viatiques, peut-être, pour récuser si peu que ce soit l’enfer sur la terre.
Confiteor (je confesse) traduit l'histoire du Bien et du Mal sur les cinq derniers siècles de l'histoire de l'Europe. L'auteur nous emporte à travers les époques et les lieux, autour de l'itinéraire d'un violon, prétexte à une analyse fine des murs et des gens. On voyage dans le temps, de l'inquisition, puis pendant les deux guerres mondiales et dans la vie du héros Adrià. L’auteur jongle entre les personnages et les époques mais dès les premières lignes, le récit nous accroche. Il fait voler tous les cadres de la narration, nous déstabilise au début mais nous envoûte par la suite. Un livre prenant et sombre.
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