UA-29669809-3 Les coups de coeur du Club : Centre Culturel - Médiathèque de Carmaux : 05-63-76-85-85

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21.02.2017

DVD, coups de cœur du Club "Troc Cultures"

Fatima_ORIGINAL.jpgFatima 

Philippe Faucon Soria Zeroual Zeroual Zita Hanrot 

DVD FAT

 

 

 

Fatima vit seule avec ses deux filles: Souad, 15 ans, adolescente en révolte, et Nesrine, 18 ans, qui commence des études de médecine. Fatima maîtrise mal le français et le vit comme une frustration dans ses rapports quotidiens avec ses filles. Toutes deux sont sa fierté, son moteur, son inquiétude aussi. Afin de leur offrir le meilleur avenir possible, Fatima travaille comme femme de ménage avec des horaires décalés. Un jour, elle chute dans un escalier. En arrêt de travail, Fatima se met à écrire en arabe ce qu’il ne lui a pas été possible de dire jusque-là en français à ses filles.

 

Ce film aborde avec subtilité plusieurs thèmes: l'adaptation, l'illettrisme, le racisme, l’intégration, le dialogue entre générations. Les actrices sont formidables. Le film est court et riche, profondément humain, émouvant et enrichissant. Un film touchant, lumineux et humaniste ! Le réalisateur pose un regard sobre et bienveillant tout en dénonçant les affronts du quotidien que subit cette femme. 

 

Philippe Faucon aborde la difficulté de l'intégration traité avec délicatesse et sensibilité. Aucune musique additionnelle ne vient ajouter un surcroît d'émotion, le scénario avance avec une infinie douceur. Le film nous séduit par sa profonde humanité. Il signe de beaux portraits, à travers deux générations, questionne l'identité comme la dignité. Ce film subtil et poignant pose des questions simples mais essentielles. Un attachant portrait de femme qui est aussi une subtile analyse sociale.

17.02.2017

Bande dessinée, coups de cœur du Club "Troc Cultures"

Josephine-Baker.jpgJoséphine Baker

Catel Muller (Dessinateur), José-Louis Bocquet (Scénario)

 

BD BOC

 

 

 

 

Entre glamour et humanisme, la vie tumultueuse de la première star mondiale noire. Joséphie Baker a 20 ans quand elle débarque à Paris en 1925. En une seule nuit, la petite danseuse américaine devient l'idole des Années Folles, fascinant Picasso, Cocteau, Le Corbusier ou Simenon. Dans le parfum de liberté des années 1930, Joséphine s'impose comme la première star noire à l'échelle mondiale, de Buenos Aires à Vienne, d'Alexandrie à Londres. Après la guerre et son engagement dans le camp de la résistance française, Joséphine décide de se vouer à la lutte contre la ségrégation raciale. La preuve par l'exemple : au cours des années 1950, dans son château des Milandes, elle adopte douze orphelins d'origines différentes, la tribu arc-en-ciel. Elle chantera l'amour et la liberté jusqu'à son dernier souffle. 

 

Catel Muller et José-Louis Bocquet poursuivent leur hommage aux femmes engagées qui ont marqué leur temps. Ils nous dressent le portrait d'une femme aux idéaux sociaux et politiques forts qu'elle défendra jusqu'à son dernier souffle. L'ouvrage revient sur des épisodes peut-être moins connus de la vie de Joséphine Baker, à commencer par ses nombreux engagements politiques. 

 

Portrait d'une danseuse originaire du Missouri devenue la première star noire mondiale et qui s'est engagée dans la résistance pendant la Seconde Guerre mondiale et dans la lutte contre le racisme. Joséphine Baker, chanteuse, danseuse, actrice, résistante, avait un seul but s'élever de la misère d'où elle est issue. Au-delà de l'image très stéréotypée de cette artiste, danseuse au costume exotique et au déhanché légendaire, les auteurs nous montrent à quel point elle était une artiste complète, accomplie, qui a traversé les nombreuses épreuves de son époque avant de parvenir à la reconnaissance.

 

La bande dessinée est séquencée en courts chapitres chronologiques, résumant les étapes importantes de la vie de l'artiste. Les dessins de Catel Muller rendent bien la luminosité de la danseuse avec une mention spéciale pour les visages étonnamment expressifs. Un roman graphique d'une grande richesse et qui rend un bel hommage à cette artiste talentueuse qui parvint à s'imposer en véritable icône. Un travail rigoureux et soigné.

11.02.2017

Bande dessinée, coups de cœur du Club "Troc Cultures"

5926435_1-0-387657754.jpgL'inversion de la courbe des sentiments

Jean-Philippe Peyraud (Dessinateur -Scénario)

 BD PEY

 

 

L’action se situe à Paris, de nos jours. Ça ne va pas trop fort pour Robinson. Son vidéoclub n’attire plus qu’une clientèle restreinte, sa petite amie déménage en province pour aller vivre avec un autre type. La nuit qu’il vient de passer avec Amandine se conclut sur une note ridicule. Son père débarque à Paris car il vient à nouveau de se fâcher avec sa mère, et en plus, sa sœur en province s’inquiète de la disparition de Gaspard, son fils de 17 ans. Il aurait pour maîtresse une femme plus âgée que lui. Or il se trouve que justement, sa voisine a également disparu. Amandine, de son côté, retrouve son amie Charlène, de retour du Pérou où elle a laissé son amoureux. Elle est à la recherche de son père biologique, un patron de vidéoclub. Si son amie s’inquiète de cette rencontre, elle l’est surtout à cause de ses résultats d’examens. Elle craint une ablation du sein.

 

Plusieurs personnages se croisent, se cherchent, se trompent. On comprend peu à peu leurs liens. Les méprises comiques s’enchaînent. Une BD moderne, réaliste, avec des personnages attachants qui font de leur mieux pour affronter leurs problèmes, leurs doutes et leurs sentiments. C'est une BD au ton de théâtre de Boulevard. Un album choral, très rythmé, très feuilleton. On ne s'ennuie pas.  Les personnages s'enfoncent dans des problèmes qui les dépassent mais gardent la tête haute et le sens de la dérision. Des situations improbables surgissent, les mauvaises nouvelles pleuvent. Le tout est agrémenté d'une bonne dose de cynisme et d'autodérision.

 

Le dessin est sec et plus on avance dans la lecture, plus les couleurs perdent leur clinquant. Le dessin est assez minimaliste pas de fioritures, on va à l'essentiel pour suivre ces personnages. Mais ce dessin en apparence si naïf nous trompe. Alors qu'on pense que le trait se contente d'effleurer des personnages, on prend conscience que l’auteur s'est attelé à nous livrer sincèrement, presque crûment, des individus fragiles, bourrés de doutes, cherchant à se protéger maladroitement des mauvais coups que leur réserve la vie. Les illustrations ne cherchent pas à surjouer les expressions naturelles.

 

Sous le vernis d'une comédie légère se cache une représentation sensible d'une société contemporaine un peu larguée. 

06.02.2017

Roman, coups de cœur du Club "Troc Cultures"

4987230_6_0c25_la-couverture-de-crepuscule-du-tourment-de_67faa5e7b03a48f2d1e2722d52a00223.jpgCrépuscule du tourment

Léonora Miano 

R MIA

 

 

De nos jours, quelque part en Afrique subsaharienne, au Cameroun peut-être, quatre femmes s'adressent successivement au même homme : sa mère, la femme a laquelle il a tourné le dos parce qu'il l'aimait trop et mal, celle qui partage sa vie parce qu'il n'en est pas épris, sa soeur enfin. À celui qui ne les entend pas, toutes dévoilent leur vie intime, relatant parfois les mêmes épisodes d'un point de vue différent. Chacune fait entendre un phrasé particulier, une culture et une sensibilité propres. Elles ont en commun, néanmoins, une blessure secrète : une ascendance inavouable, un tourment identitaire reçu en héritage, une difficulté à habiter leur féminité... Les épiphanies de la sexualité côtoient, dans leurs récits, des propos sur la grande histoire qui, sans cesse, se glisse dans la petite. D'une magnifique sensualité, ce roman choral, porté par une langue sculptée en orfèvre, restitue un monde d'autant plus mystérieux qu'il nous est étranger... et d'autant plus familier qu'il est universel.

 

Léonora Miano, c'est une voix libre , qui n'a de cesse dans son oeuvre de présenter l'Afrique Noire en dehors des clichés inhérents au traitement médiatique de base, sans pour autant sombrer dans un voyeurisme indélicat.

L'auteur décrypte les travers et les poncifs des différentes religions qui imposent leurs diktats, ordonnés par les hommes et imposés en particulier aux femmes pour les asservir. Quatre femmes se livrent à un homme, sa mère, son ex, sa compagne, sa sœur. Au fil de leurs monologues, apparaît l'histoire complexe d'une famille, ses secrets et ses non-dits. On entrevoit aussi un parallèle entre ces femmes, en recherche de liberté, d'émancipation et le continent africain.

Léonora Miano, nous plonge dans un monde de croyances, de magie et de superstitions. Son écriture est révélatrice d'un combat pour faire retrouver ses racines à un peuple qui s'est laissé déposséder de ses propres traditions. Une histoire poignante, une écriture particulière pour chaque femme, un livre dense et envoûtant. Une très belle écriture, lyrique, poétique au service d'une peinture tellement vrai des sentiments des femmes africaines.

04.02.2017

Roman, coups de cœur du Club "Troc Cultures"

 

Le-cas-Noah-Zimmerman.jpgLe cas Noah Zimmerman

Sharon Guskin   

RP GUS

 

 

Janie est une célibataire endurcie, alors rien de surprenant à ce qu’elle décide de garder le bébé conçu avec un parfait inconnu sur une plage en vacances. Mais quatre ans plus tard, élever seule le petit Noah ne s’avère pas être une mince affaire : cauchemars à répétition et troublantes références à des scènes de violence perturbent terriblement le garçonnet. Quand Janie le couche le soir, il réclame sa vraie maman et demande à rentrer chez lui… Aucun médecin n’est capable de diagnostiquer ce mal, alors quand Janie découvre l’existence d’un certain Dr Anderson, psychiatre ayant fait de nombreuses recherches sur la réincarnation, elle tente sa chance auprès de lui. Elle ignore cependant qu’Anderson est atteint d’aphasie (un trouble du langage assez rare) et qu’il est sur la sellette. Pour le docteur, le cas Noah Zimmerman pourrait renverser la tendance et lui permettre de briller enfin aux yeux de tous. Encore faut-il découvrir si Noah est véritablement habité par l’esprit d’un autre.

 

Un premier roman bien écrit, fluide, dont l'intrigue est bien ficelée et les actions s'enchaînent facilement. Une lecture hypnotisante. Ecrire sur la réincarnation n'est pourtant pas facile et nombreux sont les écueils à éviter pour que le livre ne prenne une dimension trop paranormale. Une histoire qui s’appuie sur des articles scientifiques issus de travaux de recherches universitaires et qui perturbe nos croyances. Un roman troublant où il est question de justice, non de vengeance.

 

Entre réalité et fantastique, entre un foisonnement de relations humaines et une enquête pleine de suspense et de rebondissements, le lecteur se laisse simplement emporter par les mots de l'auteur et cette histoire.

 

Ce polar permet au lecteur de se poser beaucoup de questions sur ce qu'il y a après la mort. Mais au-delà de ce thème, ce sont les drames familiaux qui sont mis en exergues. Comment vivre avec un enfant qui à des des besoins très spécifiques ?

31.01.2017

Roman, coups de cœur du Club "Troc Cultures"

    Désorientalebook_569.jpg

        Negar Djavadi  R DJA

 

 

 

 

 

L’auteur nous conte l’histoire mouvementée d’une épopée contemporaine, celle d’une famille de migrants iraniens qui fuit le régime du Shah. Un récit qui évoque avec humour et nostalgie l’Iran des années 1970, la France d'aujourd’hui, l’exil, l’homosexualité, l’identité et la transmission.

 

Kimiâ Sadr, née à Téhéran puis exilée en France, suit un protocole d'insémination artificielle pour avoir un enfant avec son amie, Anna. Dans la salle d'attente, elle se remémore ses souvenirs, sa famille, ses parents, opposés aux différents régimes en place.

 

Une femme d'origine Iranienne raconte son enfance dans une famille d'intellectuels opposants au régime. L’auteur nous fait voyager entre l'Iran d'hier et la France d'aujourd'hui grâce à la mémoire d'une jeune iranienne exilée. Ses pensées nous permettent de découvrir une part d'histoire de son pays natal à travers la vie de sa famille sur quatre générations. Le récit est captivant, il lie l'histoire de l’Iran, sa culture, ses nombreux problèmes politiques avec l'histoire compliquée et douloureuse de toute une famille, obligée de fuir la théocratie autoritaire d'après le Shah.

 

Un roman coloré, vivant, plein d'humour et de mélancolie. Un récit superbe très habillement mené entre présent et passé, sur la recherche d'identité. C'est un livre qui parle d'exil, de déracinement, de traditions, de liberté, de combats politiques, d'amour. Les petits plus sont les annotations que l'auteur a inséré dans le récit pour évoquer l’histoire de l'Iran. Ce voyage dans la personnalité d'un migrant est vraiment passionnant. La plume est superbe et la construction entretien le suspens.

01.01.2017

DVD, coups de cœur du Club "Troc Cultures"

Whiplash.jpg

 

 

Whiplash DVD

Damien Chazelle Teller Miles Teller Simmons  ( DVD WHI )

 

 

Andrew, 19 ans, rêve de devenir l’un des meilleurs batteurs de jazz de sa génération. Mais la concurrence est rude au conservatoire de Manhattan où il s’entraîne avec acharnement. Il a pour objectif d’intégrer le fleuron des orchestres dirigé par Terence Fletcher, professeur féroce et intraitable. Lorsque celui-ci le repère enfin, Andrew se lance, sous sa direction, dans la quête de l’excellence...

Le film brille par ses qualités d'écriture. Au fil d'un récit qui ne cesse de se réinventer jusqu'au twist final, les personnages se densifient, gagnent en complexité. Entre le jeune ambitieux et le prof castrateur, le face-à-face devient de plus en plus ambigu.

Le film est magnifiquement interprété avec un final extraordinaire. 

Un duel de musiciens passionnés qui tourne à l’obsession par l’abnégation de tout, dans la sueur et dans le sang, et dont l’objectif est d’atteindre la perfection coûte que coûte.

31.12.2016

DVD, coups de cœur du Club "Troc Cultures"

092880.jpg

 

Les Optimistes 

Gunhild Westhagen Magnor Goro Wergeland Eldbjørg Grøttum Lillemor Berthelsen

 (DVD 796.32 )

 

 

Les Optimistes est le nom d’une équipe de volley norvégienne hors du commun : les joueuses ont entre 66 et 98 ans ! Bien que ces mamies sportives n’aient pas joué un seul vrai match en 30 ans d’entraînement, elles décident de relever un grand défi : se rendre en Suède pour affronter leurs homologues masculins. Mais avant cela, il faut broder les survêtements, trouver un sponsor, convaincre l’entraîneur national de les coacher, mémoriser les règles, se lever au petit matin pour aller courir... Croyez-les : être senior est une chance, et ces «Optimistes » la saisissent en plein vol !

C'est un documentaire, tendre, comique et vivifiant, sur une équipe féminine de volley. Un film original et tendre, qui met de bonne humeur. Sa philosophie tient en une phrase : "Le bonheur vous fait paraître plus jeune." Une ode merveilleuse au bonheur de vivre encore. Le portrait d’une génération, de son attachement à certaines traditions familiales ou conjugales en voie d’extinction. Le sport amateur est envisagé avec sérieux. L’espace d’un instant, on oublie leur âge, leurs problèmes de santé, la mort qui plane. "Les Optimistes" vont de l'avant, mais n'éludent ni les maladies de l'âge, ni la maladie grave ou la perspective de la fin.

27.12.2016

DVD, coups de cœur du Club "Troc Cultures"

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Mustang

Deniz Gamz Erguven Günes Nezihe Sensoy Sensoy Doguslu 

( DVD MUS )

 

C'est le début de l'été. Dans un village reculé de Turquie, Lale et ses quatre sœurs rentrent de l’école en jouant avec des garçons et déclenchent un scandale aux conséquences inattendues. La maison familiale se transforme progressivement en prison, les cours de pratiques ménagères remplacent l’école et les mariages commencent à s’arranger. Les cinq sœurs, animées par un même désir de liberté, détournent les limites qui leur sont imposées.

Cinq jeunes filles osent s’opposer au mariage arrangé en Turquie. Débordant d'énergie, c'est une belle histoire sur une forme de résistance. A travers leur combat ses indomptables héroïnes expriment celui de toutes les femmes ! Deniz Gamze Ergü­ven signe un film politique sur le retour à un certain conservatisme dans une partie de la Turquie avec une finesse et une légèreté délicieuse alors que le sujet est grave et sensible. Un film fort, qui exalte le désir de vivre qui s’oppose aux interdits d’une société prise dans ses traditions.

 

20.12.2016

Roman, coups de cœur du Club "Troc Cultures"

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   L'insouciance

      Karine Tuil (R TUI)

 

 

 

En 2009, le lieutenant Romain Roller rentre d'Afghanistan après avoir vécu une liaison passionnée avec la journaliste et romancière Marion Decker. Souffrant d'un syndrome post-traumatique, son retour en France auprès de sa femme et de son fils se révèle difficile. Il continue à voir Marion, jusqu'à ce qu'il découvre qu'elle est l'épouse du grand patron de presse François Vély, 10ème fortune de France. Il fait la pluie et le beau temps dans le domaine de l'art, mais cela crée des envieux. Le métis Osman Djiboula a plein d'idées dans la tête, grimpe dans l'échelle sociale, d'éducateur de rue à l'antichambre à l’Élisée. Marion, journaliste et écrivain, connaît l'amour qui engendre de graves problèmes. 

 

Karine Tuil dresse ici le portrait d'une société actuelle dans laquelle le lecteur suit quatre personnages que sont Romain, Marion, Osman et François. Les héros de ce roman collectionnent les soucis ! Entre quête de pouvoir, amour, solitude et racisme, l'auteure aborde une multitude de sujets qui ne vous laisseront pas insensible. Mélant histoire d'amour, drame social, contexte politique, ses 4 personnages dresse un portrait sans concession de la France fragile, sécuritaire où les crispations identitaires soulignent la fin de l'insouciance. Des histoires de vie qui se télescopent, se déroulent dans des milieux très différents, de la noirceur et de l'amour. L'auteure s'empare des questions qui bousculent et questionnent le monde d'aujourd'hui et la société française en particulier : la guerre contre le terrorisme, la montée de l'antisémitisme, les réseaux sociaux, l'intégration, l'Islam radical. 

L'auteure ne caricature pas, elle décrit sans jugement, de façon parfois lapidaire, égratignant les médias, les réseaux sociaux ; Elle pose des questions importantes: peut-on échapper à ses origines, à sa condition sociale ? Quelle est à la conséquence de ses actes, n'est-on pas toujours rattrapé par son passé ? Qu’est ce qui fait notre identité ? Elle fait le portrait d'une société française marquée par les clivages raciaux, sociaux, religieux, des communautés qui coexistent sans vraiment communiquer et avec des a priori sur leurs voisins, une société marquée par des formes très accentuées de formatage social. C’est un livre sur la fracture sociale, l'identité, la place que chacun cherche à trouver dans une société dure et divisée.

17.12.2016

Bande dessinée, coups de cœur du Club "Troc Cultures"

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Zaï zaï zaï zaï

Grand Prix de la Critique ACBD 2016 

Fabcaro (BD FAB)

 

 

 

Pour n'avoir pu présenter sa carte de fidélité au supermarché, un auteur de bandes dessinées est confronté à un vigile avec qui il a une altercation. Il parvient à s'enfuir et sa traque par la police provoque une réaction en chaîne : les médias s'emballent, la société se divise. 

 

En usant d’un dessin minimaliste dans lequel les postures comptent plus que les visages et les détails, où les décors sont à peine posés, Fabcaro raconte une fuite en avant devant le réel qui joue sur les codes de notre quotidien, les détourne par l’absurde et nous interpelle.

De l'absurde militant qui interpelle. C'est une description très drôle de la façon dont le monde s'emballe et dont les gens, même ceux qui se disent tolérants, rejettent ceux qui ne suivent pas le courant. L'auteur fait surgir autour de son personnage en fuite, toutes les figures marquantes -et concernées- de la société (famille, médias, police, voisinage...) et l'on reste sans voix face à ce déferlement de réactions improbables ou, au contraire, bien trop prévisibles. 

14.12.2016

Roman, coups de cœur du Club "Troc Cultures"

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    Tropique de la violence

         Nathacha Appanah ( R APP)

 

 

 

Mayotte, petit bout de France perdu au milieu de l'Océan Indien où règnent la misère et la violence. Les voix des vivants et des morts se mêlent pour raconter le quotidien de l'île qui se cache derrière le décor de carte postale.

A Mayotte, Moïse, enfant rejeté par sa mère, est recueilli par une infirmière, Marie une jeune femme sans histoire. Quand il apprend la vérité sur ses origines tout va basculer. Moïse se révolte et tombe sous la coupe de Bruce, un chef de gang, et de sa bande, issus du ghetto de l'île. Il a 15 ans et se trouve dans un cercle vicieux, incapable de s'en sortir. C’est le début de l'enfer, de l'angoisse pour Marie.

Un roman bouleversant où à l''exotisme attendu, on découvre la misère et la désillusion. Le destin de Moïse est tracé dès les premières pages. 

Un ouvrage à plusieurs voix, où chaque protagoniste donne son point de vue de l'histoire. Ce livre extrêmement poignant est un roman-témoignage bouleversant et choquant. 

Cet ouvrage est un réquisitoire contre la misère, un appel au secours vibrant pour cette île abîmée, coincée entre pression migratoire et montée infernale de la violence. Une violence inouïe décrite avec un réalisme déroutant, effrayant. Plus qu'un roman, Natacha Appanah nous livre un réel témoignage des conditions de vie à Mayotte. Le texte est transcendé par une écriture magnifique qui sait retranscrire les beautés de la nature, des traditions et des croyances mahoraises. Un texte sauvage, tout à la fois beau et terrible.

31.05.2016

Les coups de cœur du Club "Troc Cultures"

Les lecteurs du Club "Troc Cultures" vous proposent deux romans, une bande dessinée et deux DVD sur le thème du "voyage" qu'ils ont appréciés:

 

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Larguer les amarres

Clément Bosson (910.41 BOS)

Études à l'étranger avec Erasmus, séjours linguistiques : Clément est de la «génération auberge espagnole». A l'heure du voyageur mondialisé et de l'aventure scénarisée, un voyage initiatique est-il encore possible? Clément veut en avoir le cœur net. Tiraillé par l'envie de sortir des sentiers battus, il s'élance pendant un an autour du monde avec ses deux meilleurs amis. C'est le début d'un rodéo étourdissant sur les routes d'Amérique, d'Asie et d'Afrique. Clément nous livre une belle réflexion sur le sens du voyage et de la rencontre. Il faut savoir abandonner ses repères pour en trouver de nouveaux. Se laisser aller à la douce folie de la route et voyager, vraiment.

Un récit qui vous mène aux quatre coins du monde... l'auteur parvient à retranscrire parfaitement les émotions du voyageur en quête d'aventure hors des "sentiers battus". On s'évade et ça fait du bien.... Ce périple de 3 amis prêts à tout pour réaliser le plus beau des voyages, est aussi celui de l'amitié et de la découverte des autres. Un voyage émouvant et poétique ! 

Il n'est pas question ici d'une liste de pays, de frontières ou d'exploit. Non, tout ce qui intéresse Clément, ce sont les rencontres avec les autres puis, comme un aboutissement, son rendez-vous avec lui-même. Il nous décrit ces êtres qu'ils croisent, leurs échanges, les anecdotes, les quiproquos et les sensations nées de ces rencontres miraculeuses, drôles, touchantes, toujours enrichissantes. L'Homme dans toutes ses fêlures, dans toute sa richesse et toutes ses différences. L'auteur s'interroge sur la notion et la valeur du voyage. Ce livre, remarquablement écrit, est sans conteste un splendide hymne à la liberté, au rêve et à la richesse intérieure de chacun.

 

Fin de roman en Patagonie

Mempo Giardinelli (910.4 GIA)Fin-De-Roman-En-Patagonie.jpg

Originaire des zones tropicales du nord-est de l’Argentine, Mempo Giardinelli décide un jour de partir pour l’inconnu : la Patagonie. Il s’embarque à bord d’une vieille Ford Fiesta en compagnie d’un ami, avec un budget de 2000 euros chacun et 40 jours de liberté. Ce voyage devient une vraie aventure faite de paysages et de rencontres exceptionnelles, peu à peu l'écrivain se remet à rêver et son roman prend un tour qu'il n'attendait pas. Récit de voyage tissé de morceaux de fiction, d’esquisses d’intrigues, d’amitié, de grandes discussions et de silence, ce livre est une invitation à la découverte de ce bout du bout du monde encore sauvage, en cours de destruction, mais peuplé de gens à l’hospitalité légendaire.

Prix Grandes Viajeros 2000, accordé à des récits de voyage.

Une aventure humaine et littéraire. L’auteur écrit des récits de vie, les paysages, ses souvenirs, ses rêves, évoque ses lectures. Dans  cette immensité au bout du monde il s’abandonne et livre l'intimité de  son écriture. Un récit de voyage faussement modeste, sincèrement érudit, curieux, bienveillant et plein d'humour, avec des rencontres parfois poignantes, parfois drôles, parfois les deux. C'est un livre très amusant et réaliste avec des descriptions de paysages de la Patagonie absolument fabuleuses. 

 

Corto Maltese - Tome 6 : En Sibérie

Corto Maltese - Hugo Pratt ( BD PRA)

corto maltese.jpgCorto Maltese, fils d'une gitane andalouse et d'un marin des Cornouailles. Une gueule, une personnalité, un destin. Une légende de la bande dessinée.  Corto a traversé le siècle et parcouru le vaste monde. Sa route a croisé celles de grandes figures de l'Histoire. Il s'est initié aux mystères de l'ésotérisme, frotté aux secrets de la kabbale et de la franc-maçonnerie. Mais s'est toujours voulu un homme libre, refusant tout embrigadement, gardant ses distances avec les dogmes et les drapeaux de toutes sortes. 

 1919 : Corto Maltese est à Hong-Kong. La situation est difficile : entre les réfugiés russes, les aventuriers, les contrebandiers, les sociétés secrètes comme les Lanternes Rouges, un Raspoutine délirant et paranoïaque et un guerrier fou qui se prend pour Gengis Khan, la partie n'est pas gagnée. D'autant plus qu'un trésor impérial et le coeur de la belle Changhaï Li sont en jeu.

Une bande dessinée d’une grande finesse et d’une grande beauté plastique. Un inoubliable voyage en steppe sibérienne avec  des rencontres fondatrices dans une Russie pré-révolutionnaire à feu et à sang. Corto trace son étrange route sans prendre parti. L’atmosphère qui règne dans ces pages de dessins, dans l'histoire évanescente est très prenante. Corto a un destin, mais il ne le maîtrisera jamais. Le voyage est tellement beau que l’on se laisse ballotter par les vagues et les courants. Amis lecteurs de Corto, ne cherchez pas à comprendre les histoires, laissez-vous porter, comme ce héros atypique, par le destin et ses méandres. La bande dessinée peut être une poésie.

 

L'EXTRAVAGANT VOYAGE DU JEUNE ET PRODIGIEUX T.S. SPIVET

 Larsen Reif (R LAR)  Jean-Pierre Jeunet ( DVD EXT) spivet.jpg

Adaptation du roman du même nom écrit par le jeune écrivain Reif Larsen publié en 2009. Il s'agit du premier roman de l'auteur américain.

T.S. Spivet, vit dans un ranch isolé du Montana avec ses parents, sa sœur Gracie et son frère Layton. Petit garçon surdoué et passionné de science, il a inventé la machine à mouvement perpétuel, ce qui lui vaut de recevoir le très prestigieux prix Baird du Musée Smithsonian de Washington. Sans rien dire à sa famille, il part, seul, chercher sa récompense et traverse les Etats-Unis sur un train de marchandises. Mais personne là-bas n’imagine que l’heureux lauréat n’a que dix ans et qu'il porte un bien lourd secret…

L’histoire est très prenante, touchante le tout parsemé par un drame inattendu. La réalisation de Jeunet est très soigné, les décors et paysages sont magnifiques ... Un joli film porté par un gamin authentique, dans un road-movie aux images splendides qui nous fait traverser les USA du Montana à Washington. La poésie recherchée par le réalisateur fonctionne, on passe du conte au parcours initiatique. Un vrai univers, extravagant, coloré et proche de la nature avec de très beaux paysages. Des images travaillées où la lumière et les couleurs nous enchantent tout au long de ce film. Une réalisation magnifique pour une histoire qui nous prend par les sentiments et qui nous réconcilie avec "l'Humain".

 

 THELMA ET LOUISE

 Ridley Scott (DVD THE)

thelma.jpgDeux amies, Thelma et Louise, frustrées par une existence monotone l'une avec son mari, l'autre avec son petit ami, décident de s'offrir un week-end sur les routes magnifiques de l'Arkansas. Premier arrêt, premier saloon, premiers ennuis et tout bascule. Un événement tragique va changer définitivement le cours de leurs vies.

Très beau film, les actrices sont formidables, les décors magnifiques et la bande originale est excellente ! Les deux filles sont très attachantes, on prend plaisir à suivre leur voyage parsemé d'ennuis. Un beau film au ton libertaire et féministe en opposition à une société machiniste. On retrouve tous les ingrédients d'un road-movie avec ses rebondissements et ses personnages pittoresques aux mésaventures étonnantes. La fin est inoubliable. Un film plein d'humour, de noirceur et suspens. Ridley Scott signe là une œuvre aboutie, tenue par des actrices incroyables, un visuel stupéfiant et une bande son aussi émouvante qu'entraînante. C'est vraiment une belle histoire d'amitié et de liberté, une virée sanglante empreinte d'humour et d'une pointe de mélancolie. 

 

Et pour finir les lecteurs vous proposent trois roman "hors thème" : 

 

Le livre des secrets

Fiona Kidman ( R KID)

 

kidman.jpgEn 1953, Maria vit depuis plus de cinquante ans, seule, dans la maison de famille délabrée. On la surnomme « la sorcière de Waipu », elle qui très jeune se rebella contre sa mère pour vivre sa passion avec un cantonnier. Mise au ban d’une communauté encore très respectueuse des strictes règles morales édictées par son sourcilleux fondateur – l’autoritaire et charismatique Norman McLeod, avec qui sa grand-mère Isabella quitta l’Écosse en 1817 –, elle a tout le temps de se pencher sur le passé. Après plus de trente-cinq ans de voyage à travers le vaste monde et quelques longues étapes, en Nouvelle-Écosse et dans l’île de Cap-Breton, sur les côtes d’Amérique du Nord, McLeod, que ses disciples appelaient l’ « Homme », décida, en 1854, que leurs tribulations prendraient fin sur cette côte du Nord de la Nouvelle-Zélande où Maria vit le jour bien des années plus tard. L’Homme qui guida là son peuple, convaincu de le conduire sur le droit chemin, reposait depuis vingt ans déjà dans le cimetière près de l’océan. Le journal tenu par sa grand-mère tout au long de sa vie aventureuse, et sur lequel Maria met la main, lui révèle pourtant l’envers du décor : s’y dessine non le portrait d’une diablesse dont elle aurait hérité les penchants pervers et indociles, comme sa propre mère tentait de l’en convaincre, mais celui de l’héroïne indépendante et téméraire que fut Isabella. Il fallait bien du courage en effet pour s’imposer face à un McLeod peu enclin à accepter chez ses ouailles des opinions individuelles, surtout quand celles-ci étaient des femmes. Et l’on comprend, au fil de cette formidable saga, que le Livre des secrets est celui de ces femmes qui, pour exister dans une communauté masculine et rétrograde, n’avaient d’autre choix que d’en contourner les préceptes.

 

A travers trois générations de femmes, on suit l'évolution d'une communauté de quelques centaines d'écossais partie des Highlands en 1817 et qui finit par s'installer définitivement à Waipu, Nouvelle Zélande, en 1854. le voyage fut donc long, parfois avec des étapes de plusieurs années en Nouvelle Ecosse ou sur l'ïle du Cap-Breton.

Ce livre est une histoire de transmission, d'héritage renié ou assumé, une histoire de femmes courageuses et émouvantes qui trouvent la force d'affirmer leur sensibilité, leur personnalité au sein d'un groupe ou d'une famille qui ne pense qu'à les amalgamer comme une pâte malléable. Ces femmes qui ont décidé d'être leur propre matériau nous offrent une très belle leçon d'émancipation. 

Ce roman nous fait découvrir, d'une part, l'histoire des immigrants fuyant la misère de l'Ecosse pour partir s'installer dans leur nouveau monde que sera la Nouvelle Zélande et d'autre part, les conséquences dramatiques de règles absurdes et obscurantistes édictées par les hommes qu'ont dû subir bon nombre de femmes. L’auteur parvient à nous transmettre les pensées, les troubles et révoltes de ses personnages. 

 

Vous parler de ça

Laurie Halse Anderson ( R AND) laurie-halse-anderson-.jpg

 

Melinda retourne au lycée après les vacances d'été et nous sentons que le monde autour d'elle s'est écroulé. Que s'est-il passé cet été pour qu’elle soit devenue cette adolescente renfermée et mutique, pour que toutes ses amies l'aient abandonnée? 

Dans ce magnifique roman, Laurie Halse Anderson mêle fines observations et portraits hauts en couleur pour nous entraîner dans la tête d'une adolescente isolée... Elle insuffle à son récit une énergie capable de soutenir son héroïne à travers sa douleur et provoque l'empathie... Le réalisme de la métamorphose durement gagnée de Melinda laissera les lecteurs touchés et inspirés. Un roman d'apprentissage bouleversant et captivant sur le mal-être adolescent et sur la violence qui régit parfois les comportements des ados. L'auteur livre un roman sur les non-dits, sur la difficulté de s'affirmer dans cet univers cruel, sur les conséquences d'une expérience traumatisante sur la vie d'une adolescente normale, avec finesse et tact. Un récit à la fois grave et drôle, tragique et attachant. Melinda est révoltée, cynique par moments mais tellement lucide sur la vie et la vie lycéenne plus particulièrement. Ses pensées sont très matures. Ce roman est drôle, émouvant, tragique et intéressant. 

 

Six fourmis blanches

Sandrine Collette  (RP* COL)

collette-fourmis-.jpgDans ces montagnes du nord de l’Albanie, le mal rôde toujours. Dressé sur un sommet aride et glacé, Matthias s’apprête pour la cérémonie du sacrifice de chèvres. Très loin au-dessous de lui, le village entier retient son souffle. A des kilomètres de là, Lou et ses cinq compagnons partent faire trois jours de trekking intense en haute montagne, sauf que la météo n'avait pas prévu d'avalanche et que cette ballade va s'avérer périlleuse voire mortelle.

L’auteure nous fait découvrir avec un suspens remarquable des personnages singuliers aux prises avec leur histoire. Un thriller original sur fond de ruralité et de croyances et pratiques odieuses.

L'auteur réussit à créer une ambiance oppressante et redoutable, la tension est palpable et va crescendo. On est emporté dans le tourbillon de ces pages et on est soufflé par ce scénario implacable. Alternant le récit entre Mathias et Lou, ce roman construit habilement, nous saisit et nous frigorifie par sa noirceur et cette nature si hostile et si inhospitalière. Au fur et à mesure que la randonnée avance, la montagne prend vie et devient un personnage à part entière du roman. Derrière sa majesté et sa magnificence se cache un tempérament tumultueux et impitoyable. Les paysages époustouflants cachent en réalité des pièges mortels pour les randonneurs égarés et le froid cinglant détient le pouvoir de faire perdre la tête aux plus vulnérables… Très vite, l'enthousiasme du groupe fait place à l'horreur. Tout le talent de l'auteur réside dans sa capacité à rendre le récit vivant et à créer une atmosphère oppressante, au réalisme convaincant. Elle capture ses personnages, mais aussi son lecteur, dans une spirale infernale qui nous laisse tremblants et déboussolés. L'écriture est simple, mais terriblement précise et efficace. Les phrases sont courtes, ciselées et créent un rythme de plus en plus rapide et angoissant. Le final est captivant, invraisemblable mais prenant.

 

25.03.2016

Les coups de cœur du Club "Troc Cultures"

Les lecteurs du Club "Troc Cultures" vous proposent deux romans, une bande dessinée et trois DVD sur le thème du "bonheur" qu'ils ont appréciés:

 

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Il est de retour

Timur Vermes (R VER)

Le journaliste et écrivain Timur Vermes imagine Hitler se réveillant à Berlin en 2011 presque soixante-dix ans après sa disparition. L’auteur fait un portrait au vitriol de notre époque en général, et de ses travers médiatiques en particulier. Le roman est à la première personne. La parole est laissée au Führer qui décrit dans un langage désuet, sa découverte d’une Allemagne radicalement différente. Ce décalage très drôle, montrera aussi un personnage sachant apprendre vite, après avoir été remarqué par un producteur et été invité sur des plateaux de télévision. « Il est de retour » est un énorme succès outre-rhin. Pour la première fois, le dictateur Nazi y est utilisé à des fins humoristiques, pour mieux faire le portrait à charge d’une Allemagne contemporaine peut-être devenue trop sûre d’elle-même.

Une satire aussi hilarante que grinçante qui nous rappelle que face à la montée des extrémismes et à la démagogie, la vigilance reste plus que jamais de mise. Avec cynisme et humour, ce roman donne à réfléchir. Ce livre est parfait pour dénoncer la récente montée du fascisme. Un livre complexe qui ne laisse personne indifférent. L'écriture paraît rude au début mais c'est finalement très bien écrit et par moments très drôle. L’auteur porte un regard critique sur la société actuelle avec des scènes savoureuses, une ironie mordante et un regard décalé sur notre société. Déroutant du début à la fin, Timur Vermes nous fait réfléchir mais surtout nous fait beaucoup rire. Le coup de génie du livre est de nous épargner un personnage caricatural pour le faire simplement réagir à une époque moderne dont il comprend les limites et les excès. 

 

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Maudit best-seller

Marc Kryngiel (R KRY)

Cyril Gramenk est un obscur romancier qui rêve de gloire. Pour se débarrasser d’un contrat qu’il ne veut pas honorer, il donne à son éditeur le manuscrit épouvantable qu'un admirateur lui a envoyé. À son plus grand étonnement, le livre est un succès. C'est là que les ennuis commencent; le retour d’une ancienne maîtresse et la découverte de l'existence d’un fils caché n'arrangent rien… Sa vie n’est plus alors qu’une succession de situations délirantes, hilarantes ou pour le moins surprenantes, pour le plus grand plaisir du lecteur qui jubile à chaque rebondissement, jusqu’au bouquet final.

Cyril est un drôle d'écrivain. Il est très loin d'avoir confiance en lui. L'écriture est d'ailleurs devenue un devoir épuisant qui n'a plus grand intérêt. La seule personne qui croit en lui et surtout voit en lui un écrivain de génie est son éditeur. Cyril en jouera énormément. Il se sait médiocre mais vu que son éditeur croit ferme en lui, autant en profiter pour lui soutirer tout ce qu'il peut. Cyril est un auteur moyen et l'assume en partie. Mais il excelle dans un tout autre art, le mensonge. Et là, tout le monde y passe : femme, banquier, éditeur, presse...et enfin l'Etat. Car cette histoire est une véritable descente aux enfers qui fait malheureusement sourire. Une situation en entraîne une autre et on ne voit plus comment Cyril va pouvoir s'en sortir. Un roman surprenant, inattendu, amusant. Une lecture incroyable et très divertissante ! Le roman est très prenant, et décrit avec brio les étapes destructrices d'un homme suite à une erreur fatale, le tout avec une écriture pleine d'humour et de légèreté. Le monde de l'édition y est présenté comme une jungle où le narrateur, assez veule, n'est pas de taille à affronter les dangers qui le menace, lui et les siens. Maudit Best-Seller est le récit d’une savoureuse dégringolade. On se prend d’emblée d’empathie pour cet anti-héros aussi touchant qu’agaçant. Avec son ton désinvolte et son humour ravageur, cette comédie noire est tout à fait réjouissante.

 

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Cadavre exquis

Pénélope Bagieu (BD BAG)

Zoé a un boulot pas drôle : elle est hôtesse d'accueil dans les salons - de l'automobile ou du fromage - et doit faire bonne figure, debout toute la journée avec des chaussures qui font mal aux pieds. Le jour où elle rencontre Thomas Rocher, écrivain à succès, la vie semble enfin lui sourire. Mais pourquoi Thomas ne sort-il jamais de son grand appartement parisien ? L'amour peut-il vivre en huis clos ? Et quel est dans cette histoire le rôle d'Agathe, la belle, froide et machiavélique éditrice de l'écrivain ?

Une histoire fort sympathique avec un triangle amoureux et un épilogue savoureux. Vont-ils réussir cette belle histoire qui s'offre à eux ? L’auteur nous offre une bande dessinée pleine d'humour ! A dévorer sans attendre ! Les dessins sont très sympas, les personnages attachants, l'intrigue intéressante et l'histoire bien ficelée. C'est vrai, l'histoire est peu crédible et un peu caricaturale, mais elle a le mérite de nous faire sourire et d'évoquer avec légèreté les milieux littéraires.  L’intrigue est intéressante, les personnages attachants et le dénouement inattendu. C'est une vraie histoire et la fin est très surprenante. Meilleur livre d'humour, prix BD awards 2011.

 

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Le cochon de Gaza

Sylvain Estibal (DVD COC)

Après une tempête, Jafaar, un pêcheur palestinien de Gaza, remonte par hasard dans ses filets un cochon tombé d’un cargo. Bien décidé à se débarrasser de cet animal impur, il décide toutefois d’essayer de le vendre afin d’améliorer son existence misérable. Le pauvre Jafaar se lance alors dans un commerce rocambolesque et bien peu recommandable…

Dans cette tragi-comédie, l’ensemble du petit peuple de Gaza, coincé entre sa misère absolue au quotidien, les contraintes des militaires Israéliens et le diktat des barbus aux commandes, est représenté par ce pauvre pêcheur dont l’unique souci est de survivre au jour le jour et qui, pour cela, est prêt à tout. Jafaar, dans une permanente dérision de lui-même, même dans les moments tragiques, évolue dans cette histoire à l’humour mordant et nous laissera espérer que si l’on peut s’entendre, malgré toutes les différences, à l’échelle individuelle, on peut s’entendre in fine, à l’échelle collective. Le réalisateur fait preuve d'audace, de sincérité, de subtilité, d'intelligence dans le propos et de beaucoup de finesse. Une manière atypique et malicieuse d'aborder la situation israélo-palestinienne. Une belle mise en lumière de l'absurdité du quotidien des deux populations vivant dans cette région du monde. Au-delà de l'humour, on y trouve une réelle réflexion sur tout ce qui entrave la vie quotidienne dans ce pays : les religions et leurs contraintes dérisoires !

 

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Chat Noir, Chat Blanc

Emir Kusturica (DVD CHA)

Matko le gitan, qui vit au bord du Danube de petits trafics avec les Russes, a besoin d'argent pour réaliser un coup important. Il demande à Grga Pitic, parrain de la communauté gitane et vieil ami de la famille, de le financer. Grga accepte, mais Matko n'est pas à la hauteur et se fait doubler par le dangereux Dadan. Pour solder sa dette, Dadan lui propose de marier son fils Zare à Ladybird, sa minuscule soeur cadette. Mais Zane en aime une autre, la blonde Ida. Le mariage a lieu. La mariée profite d'un moment d'inattention et s'enfuit.

Un film complètement déjanté. Un vrai bonheur, drôle et positif ! L'univers du réalisateur est totalement décalé. Il peut surprendre et il est nécessaire de réussir à rentrer dans le film pour l'apprécier.  Les acteurs semblent sortis d'une sorte de cirque que l'on ne voit plus de nos jours et la cadence des scènes donne un rythme époustouflant à l'action.  C’est un voyage incroyable dans un monde attachant et burlesque. 

 

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La cage dorée

Ruben Alves (DVD CAG)

Dans les beaux quartiers de Paris, Maria et José Ribeiro vivent depuis bientôt trente ans au rez-de-chaussée d’un bel immeuble haussmannien, dans leur chère petite loge. Ce couple d’immigrés portugais fait l’unanimité dans le quartier : Maria, excellente concierge, et José, chef de chantier hors pair, sont devenus au fil du temps indispensables à la vie quotidienne de tous ceux qui les entourent. Tant appréciés et si bien intégrés que, le jour où on leur offre leur rêve, rentrer au Portugal dans les meilleures conditions, personne ne veut laisser partir les Ribeiro, si dévoués et si discrets. Jusqu’où seront capables d’aller leur famille, les voisins, et leurs patrons pour les retenir ? Et après tout, Maria et José ont-ils vraiment envie de quitter la France et d’abandonner leur si précieuse cage dorée ?

Un film très réaliste sur la communauté portugaise en France rempli d'humour et d'émotions. Ruben Alves évoque avec humour et tendresse la vie de ses compatriotes, les traditions, l’intégration des nouvelles générations, la nostalgie de la terre natale. Une bonne intrigue traitée sur le mode de la comédie. Un bel exemple d'humanité, de sensibilité et de tolérance à travers des histoires de famille et de voisinage, un vrai divertissement. Tous les acteurs jouent juste et le réalisateur nous dévoile de merveilleuses images de la région du Douro.

 

Et pour finir les lecteurs vous proposent deux roman "hors thème" : 

 

danse.jpgEt je danse, aussi

Jean-Claude Mourlevat (R MOU)

Pierre-Marie est un écrivain en panne d'inspiration. Adeline est une fervente lectrice qui a beaucoup de choses à lui dire. Leur rencontre par mots interposés va changer leur vie et les révéler à eux-mêmes. 
Retiré dans la Drome et esseulé depuis le départ inexpliqué de son épouse, Pierre-Marie reçoit un jour une épaisse enveloppe contenant un manuscrit envoyé par l'une de ses lectrices, Adeline. Sans ouvrir le pli, il lui répond. Une correspondance s'engage, en cette année 2013, qui durera huit mois, de février à octobre. Au fil de leurs échanges, un lien intime s'établit. Ils composent librement, avec leur réalité, leur personnalité, leurs zones d'ombre. Ils s'inventent une vie. Car la leur s'est arrêtée quelques années plus tôt. Pierre-Marie et Adeline ont en effet une histoire en commun, mais qui ne leur appartient pas, et dont Pierre-Marie ne sait rien encore. Le mystère reste prisonnier de l'enveloppe expédiée par Adeline. Plus les lettres se précisent, plus elles effleurent la vérité qui dort dans ces pages et des personnages depuis longtemps oubliés reprennent vie et entrent dans la danse.

Humour, optimisme mais aussi aléas de la vie vont ponctuer cet échange épistolaire moderne.  La vie nous rattrape souvent au moment où l'on s'y attend le moins. Ce livre va vous donner envie de chanter, d'écrire des mails à vos amis, de pleurer, de rire, d'aimer et de danser. Un roman rafraîchissant et bourré d'optimisme, un pur bonheur. Les personnages sont attachants, drôles, émouvants, de bonne humeur, heureux de vivre malgré les aléas de la vie. Le style des auteurs est enjoués, ironiques, ils  vont vous donner le sourire, vous faire rire. Ce livre est mouvementé, avec de nombreux rebondissements. Ecrit à deux mains, l’écriture est enjouée, aérienne, avec une touche d’humour rafraîchissante. Le rythme du texte est rapide grâce à ce format original d’échanges de mails. On se rend compte, combien il est facile d’établir des liens très forts uniquement à travers l’écriture. Le poids des mots !

 

Le vieux qui lisait des romans d'amour Sepulveda-vieux.jpg

Luis Sepulveda (R SEP)

Au cœur de la forêt amazonienne le corps sans vie d'un homme est retrouvé. Les habitants de l'endroit où le drame se joue soupçonnent immédiatement les indiens peuplant le territoire. Seul un habitant est persuadé qu'un animal est responsable. Antonio José Bolivar Proano est le seul à pouvoir chasser le félin tueur d'hommes. Il connaît la forêt amazonienne, il respecte les animaux qui la peuplent, il a vécu avec les Indiens Shuars et il accepte le duel avec le fauve. Antonio José Bolivara a aussi une passion pour les romans qui parlent de l'amour, le vrai, celui qui fait souffrir.

Il y a beaucoup de choses dans ce tout petit roman. Il y a l'écriture douce et poétique de Sepulveda, toute la tendresse qu'il porte à la nature sauvage, des personnages truculents, des situations drolatiques, un jaguar fou de chagrin et un vieux monsieur qui lit des romans d'amour. Une lecture merveilleuse ! L’histoire est simple mais le style est truculent, le texte se déroule lentement, paisiblement, pour raconter les peurs intimes de chacun. Le héros se partage entre sa passion pour la chasse et pour les romans. Une magnifique leçon d'écologie et d'humour. A mi-chemin entre le polard et le documentaire, on se laisse envoûter par le personnage principal. Un touchant récit d'un monde loin de nos préoccupations et un beau témoignage sur la nature, l'amour et la vie. En partant d'une histoire simple, Luis Sepulveda nous confronte à une réalité l'incompréhension entre humains et animaux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

23.01.2016

Les coups de cœur du Club "Troc Cultures"

Les lecteurs du Club "Troc Cultures" vous proposent six romans, sur le thème " les Prix Littéraires 2015" qu'ils ont appréciés:

 

2084, La fin du monde - Prix de l’Académie Française 

Boualem Sansal  (R SAN)

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L’Abistan, immense empire, tire son nom du prophète Abi, "délégué" d’Yölah sur terre. Son système est fondé sur l’amnésie et la soumission au dieu unique. Toute pensée personnelle est bannie, un système de surveillance omniprésent permet de connaître les idées et les actes déviants. Officiellement, le peuple unanime vit dans le bonheur de la foi sans questions. Le personnage central, Ati, met en doute les certitudes imposées. Il se lance dans une enquête sur l’existence d’un peuple de renégats, qui vit dans des ghettos, sans le recours de la religion…

2084, à la suite du 1984 d'Orwell, se veut une analyse détaillée de l’extrémisme religieux et de ses conséquences possibles. Un roman terrifiant, qui décrit les dérives d'une théocratie tyrannique.  Au fil d’un récit débridé, plein d’innocence goguenarde, d’inventions cocasses ou inquiétantes, l’auteur brocarde les dérives et l’hypocrisie du radicalisme religieux qui menace les démocraties. Cette critique de l’extrémisme n'est pas dénuée d’humour. L’auteur s’attaque aussi à la docilité de ceux qui vivent soumis par peur ou par confort. Ce livre nous plonge dans un univers très angoissant ou l'homme perd son libre arbitre et tout sens de vie sous une dictature religieuse ultra présente et manipulatrice. Nous suivons la tentative de fuite désespérée du personnage avec beaucoup d'intérêt. Très bien écrit, avec un scénario très intéressant et inquiétant en même temps.  

 

D'après une histoire vraie - Prix Renaudot

Delphine de Vigan  (R VIG)

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Ce thriller psychologique est le récit d'une rencontre entre l'écrivaine et une femme inquiétante qui va emmener le lecteur dans une zone trouble, entre réel et fiction. Delphine de Vigan raconte sa relation avec L., devenue son amie et confidente, qui par un jeu subtil va s'immiscer dans sa vie et la manipuler. Elle interroge aussi le rôle de la littérature, est-elle fiction ou réalité ?

 

Séduction, dépression et trahison sont les trois temps de ce récit qui entraîne le lecteur dans les coulisses de la création, là où le doute, les apparences et les faux-semblants tendent un piège redoutable. Qui est le maître du jeu ? L'auteur joue avec la frontière entre réalité et fiction de manière intelligente et habile.  La trame se développe avec chaque fois un nouvel élément qui bouscule. Ce qui suscite l’intérêt du lecteur. L. exerce une emprise croissante sur l’écrivaine en proie au doute, désormais incapable d’écrire, toujours plus isolée…

Une belle écriture et une aventure palpitante où l'on voudrait délivrer cet écrivain des griffes de cette psychopathe ! 

 

Encore - Prix Médicis étranger

Hakan Günday  (R GUN)

 

Hakan-Guenday-Encore-Galaade.jpgDans ce roman, le romancier turc aborde le sujet du trafic d'êtres humains. Gazâ, 9 ans, vit avec Ahad, son père, sur le bord de la mer Égée. Ahad gagne sa vie en transportant des clandestins entre l'est de la Turquie et la Grèce. En attendant qu'ils soient acheminés par bateau, il les garde chez lui, dans une cave : le dépôt. Et c'est Gazâ qui est chargé de s'en occuper. L’auteur fait le portrait d'un enfant monstre. Le jeune garçon est chargé d’entreposer la «marchandise humaine», de la mater, de la torturer.

Pendant des années, Gazâ et Ahad entreposent dans un dépôt cette marchandise humaine, ces individus qui viennent de parcourir plusieurs milliers de kilomètres. Jusqu'au jour où Gazâ cause la mort d'un jeune Afghan du nom de Cuma, le seul être humain qui ait fait preuve d'un peu d'humanité envers lui. Dès lors, dans ce monde violent et désabusé, Gâza ne cesse de penser à Cuma et conserve précieusement la grenouille en papier qu'il lui avait donnée – ce qui n'empêche pas Gazâ de transformer le dépôt en terrain d'observation des dynamiques de domination et de devenir le tortionnaire des clandestins qui ont le malheur de tomber entre ses mains. Cependant, un soir, tout bascule et c'est désormais à lui de trouver comment survivre... 

H.Gunday signe un roman extrêmement percutant et dérangeant. L'écrivain dénonce un système. Ce livre rend compte plus largement de l'exploration des maux et de la noirceur contenus dans toutes les sociétés humaines. Gazâ, narrateur torturé et tortionnaire est fasciné par l'exercice du pouvoir sur autrui. Ce roman dérange et captive.

 

Juste avant l'oubli - Prix Renaudot des lycéens

Alice Zeniter  (R ZEN)

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Franck a rencontré Emilie il y a huit ans. Il est convaincu qu'elle est la femme de sa vie. Mais la jeune femme, thésarde, connaît une passion sans bornes pour l'écrivain policier Galwin Donnell, mystérieusement disparu en 1985. Auteur sur lequel elle rédige une thèse. Elle se rend sur une petite île perdue des Hébrides, en Ecosse, pour organiser un colloque qui lui est consacré. Franck compte l'y rejoindre et la demander en mariage. Mais rien ne se passe comme prévu.

Il règne à Mirhalay une atmosphère étrange. C’est sur cette île que l'auteur Galwin Donnell, a vécu ses dernières années avant de disparaître brutalement – il se serait jeté du haut des falaises. Depuis, l’île n’a d’autre habitant qu’un gardien taciturne ni d’autres visiteurs que la poignée de spécialistes qui viennent tous les trois ans commenter, sur les « lieux du crime », l’œuvre de l’écrivain mythique. Galwin Donnell, tout mort qu’il est, conserve son pouvoir de séduction et vient dangereusement s’immiscer dans l’intimité du couple.

Il s'agit d'une enquête sur la fin d'un amour avec des allures de roman noir. Un roman hybride entre polar, (fausse) biographie, critique du monde universitaire et l'histoire d'un couple. Alice Zéniter signe un récit noir et brillant. L'auteur crée avec beaucoup de talent tout un univers et une atmosphère oppressante. Elle mélange les genres: le pastiche et l'intrigue amoureuse, le polar et la bluette, dans un style parfait.

 

Jacob, Jacob - Prix Livre Inter

Valérie Zenatti  (R ZEN)

 

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Jacob, Jacob est l'histoire d'un jeune juif de Constantine ayant appartenu à la famille de Valérie Zenatti. C'était le frère de son propre grand-père. A 19 ans, en juin 1944, il quitte sa vie, sa famille, son milieu pour aller libérer la France. 

Ce roman raconte la guerre de ce jeune homme, les inquiétudes de sa mère, le quotidien des siens loin du front, entre deux langues et deux cultures, mais aussi la façon dont la courte vie de Jacob résonne en chacun. De sa guerre, les siens ignorent tout. Ces gens très modestes, pauvres et frustes, attendent avec impatience le retour de celui qui est leur fierté, un valeureux. Ils ignorent aussi que l’accélération de l’Histoire ne va pas tarder à entraîner leur propre déracinement. Les attentats se multiplient, la guerre se répand sur le sol algérien, et l’assassinat du Cheikh Raymond en juin 1962, un chanteur de Malouf, oblige la famille à s’exiler malgré elle dans le pays où Jacob a trouvé la mort.

L’écriture lumineuse de Valérie Zenatti, sa vitalité, son empathie pour ses personnages, donnent à ce roman une densité et une force particulières. Tissé de fiction et de récits familiaux ce récit sensible prête à la mémoire du disparu le souffle d'une vie émouvante, singulière, au sein de la grande Histoire. Ce récit parle aussi des inquiétudes d'une mère et d'une famille juive dans l'Algérie des années 40. Dans un récit d'une rare puissance, l’auteur raconte la guerre de ce jeune homme et de ses amis, loin dans ce pays, la France, qu'ils ne connaissent que par les livres. Par le biais du roman, l’auteur donne une existence à cet homme qui mourra en libérant la France.

 

Nouvelles d'ados - Prix Clara

(RJ NOU)

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Le Prix Clara est un concours de nouvelles. Il s’adresse aux auteurs de moins de 18 ans au mois de septembre de l’année du concours. Il a été créé en mémoire de Clara, jeune fille morte à 13 ans d’une maladie cardiaque et qui rêvait d’écrire et de publier ses textes.

Pour cette neuvième édition, ce sont sept jeunes talentueuses plumes qui ont reçu leur diplôme des mains d'anciennes lauréates. Félicitations à Lucie Heiligenstein, 17 ans (Strasbourg), Anne-Lise Lafranche, 16 ans (Rennes), Tamara Raidt, 17 ans (Lyon), Louise Ravitsky, 17 ans (Montpellier), Elora Roudet, 17 ans (Bondoufle), Marie Semin , 17 ans (Bougival) et notre benjamine, Chimène Vanbremeersch, 13 ans (Malakoff).

Reflet des préoccupations et des espoirs d’une génération, ces nouvelles surprenantes nous invitent à suivre ces écrivains en herbe. Dévoilant une sensibilité à vif à travers des thématiques aussi diverses que la politique, la maladie, et le voyage, les nouvelles du Prix Clara ouvrent une fenêtre sur les rêves et les préoccupations des adolescents d'aujourd'hui. Amour, science-fiction, polar, témoignage, aventure : tous les genres sont explorés avec brio par ces jeunes, révélant ainsi leur intérêt et leur talent pour l’écriture. Ces nouvelles surprennent par leur fraîcheur, leur originalité, leur sincérité.

Au programme, une expérience par-delà la mort, une rencontre du troisième type avec un robot au grand cœur, ou le combat d’une jeune humanitaire contre Ebola. Drôles, mélancoliques, parfois violentes, ces adolescentes nous invitent à partager leurs préoccupations, leur regard tendre, amusé ou révolté sur l’actualité. Les sujets abordés ne sont pas facile : maltraitance, harcèlement, épidémie... Mais il y a toujours une lueur d'espoir. Chaque nouvelle a un style différent, son univers mais chaque fois ce fut une belle découverte.

 

Et pour finir les lecteurs vous proposent deux romans "hors thème" : 

 

Le Collier rouge 

Jean-Christophe Rufin  

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Dans une petite ville du Berry, écrasée par la chaleur de l'été, en 1919, un héros de la guerre est retenu prisonnier au fond d'une caserne déserte. Devant la porte, son chien tout cabossé aboie jour et nuit. Non loin de là, dans la campagne, une jeune femme usée par le travail de la terre, trop instruite cependant pour être une simple paysanne, attend et espère. Le juge qui arrive pour démêler cette affaire est un aristocrate dont la guerre a fait vaciller les principes. Trois personnages et, au milieu d'eux, un chien, qui détient la clef du drame... Plein de poésie et de vie, ce court récit, d'une fulgurante simplicité, est aussi un grand roman sur la fidélité. Être loyal à ses amis, se battre pour ceux qu'on aime, est une qualité que nous partageons avec les bêtes. Le propre de l'être humain n'est-il pas d'aller au-delà et de pouvoir aussi reconnaître le frère en celui qui vous combat ?

Au lendemain de la guerre, Morlac croupit dans une prison. Pourquoi ? Qu'a-t-il fait ? Et surtout, quel est le rôle de son chien qui aboie sans interruption depuis l'incarcération de son maître ?

Un livre touchant sur l'après-guerre, les "petites histoires" de l'Histoire et la fidélité. Rufin maître des mots, nous fait trembler à travers un rescapé de guerre. Un puzzle prend forme : un chien hurlant, un prisonnier muet, un juge compatissant et une femme mystérieuse. Malgré les menaces, notre soldat affronte sa sentence pour sauver sa dignité et ses croyances. C'est une réflexion passionnante sur l'absurdité de la guerre. Une histoire très attachante, très humaine, avec des implications subtiles, sans longueurs, sans pathos, sans détails scabreux. Un style très simple pour une histoire pas si simple dans ses implications. 

 

L'enfant des marges 

Franck Pavloff 

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Ioan, un photographe de renom, s’est retiré dans un mas des Cévennes après la mort accidentelle de son fils Simon. C’est là qu’il reçoit un appel de sa belle-fille qui lui signale la disparition de Valentin, son petit-fils parti pour Barcelone six mois plus tôt. Et celui qui vivait comme un reclus à consolider des murets en voie d’écroulement part à la recherche de cet adolescent qu’il connaît si peu. Ioan va arpenter tous les squats et autres lieux alternatifs que compte la capitale catalane, celle des marginaux, des révoltés, des sans-papiers, des artistes, des anarchistes, des mirages à la Gaudi avec sa Sagrada Familia en perpétuelle construction, des femmes engagées qui savent affronter l’amour comme la tragédie. Une ville où plane toujours l’ombre des combattants de la guerre civile. 

Dans une Barcelone étourdie par la crise, vibrante de toute l'énergie d'une jeunesse qui refuse le monde tel qu'il est, un homme part à la recherche de son petit-fils adolescent. Lui-même a tout quitté : sa solitude, la paix et l'oubli qu'il croyait avoir trouvés au fin fond des Cévennes. Et voici que dans la capitale catalane bruyante et révoltée, où plane l'ombre des combattants de 36, c'est sa propre histoire qu'il rencontre et dont il peut enfin se libérer.  L'écriture nous restitue une Barcelone et son ambiance fiévreuse, survoltée, avec ses marginaux, ses militants, sa violence, sa chaleur, son théâtre de rue, sa musique, ses trafics avec, en arrière-plan, l'ombre vivace de la guerre d'Espagne, ses plaies anciennes et ses cicatrices... 

Cet ouvrage est empreint d'amour, de poésie, de regrets, de descriptions imagées. Ce roman est coloré, libérateur, truffé de personnages hauts en couleur et attachants. Il s'agit d'une quête spirituelle belle et troublante qui se termine par une renaissance et une ode à la vie !